Léa BELOOUSSOVITCH

Plasticienne française devenue Belge d’adoption, née à Paris en 1989, Léa Belooussovitch vit et travaille à Bruxelles.

On a pu voir les grandes photos de sa série Facepalm imprimées sur du satin, ainsi que ses spectaculaires dessins aux crayons de couleur sur feutre lors de son exposition de fin de résidence à la MAAC – Maison d’Art Actuel des Chartreux, entre-autres.

Elle est représentée à Paris par la Galerie Paris-Beijing.

Elle a reçu le Prix Jeunes Artistes du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2018 qui récompense chaque année un jeune artiste de moins de 40 ans, de la Communauté française dans le domaine des arts plastiques.

La galerie nomade Esther Verhaeghe – Art Concepts, à Bruxelles, lui a consacré l’exposition PERCEPTS en 2019. 

Présentation de l’œuvre acquise pour le chai
Date d’acquisition : 2018
Exposée dans les bureaux

Kaboul, Afghanistan
27 janvier 2018

Focus le Vif – Guy Gilsoul
L’ambulance a passé avec succès le premier check point qui protège l’une des rues les plus fréquentée et les mieux protégée de la capitale afghane.
Devant le ministère de l’intérieur, elle s’immobilise, le temps pour le kamikaze taliban de déclencher la bombe. Dans un périmètre d’une centaine de mètres, toutes les vitres volent en éclats. Les secours ne savent plus où conduire les blessés tant il y en a. Tant il y a de cadavres. Massoud Hossaini accourt à son tour. Le jeune photographe afghan, membre de l’AFP, est au milieu du carnage. Comme depuis 2007 où il rejoint son pays natal après avoir passé sa vie comme réfugié politique en Iran, il veut témoigner.
Le soleil est bas, les ombres longues. Devant lui, deux hommes, un policier et un civil, soulèvent un blessé tout habillé de blanc, les yeux fermés, le corps abandonné. Il y aura ce jour-là 103 morts et 235 blessés. De ces témoignages visuels, le monde est inondé mais pour quelles raisons celui-là, particulièrement, retient l’attention de la jeune artiste française Léa Belooussovitch ? Et comment imaginer, face à l’œuvre qu’elle propose et dont la surface vit essentiellement de zones chromatiques lumineuses « en un certain ordre assemblées », la présence souterraine du cliché de Massoud Hossaini ?
Car tout dans la composition n’est que douceur, vapeurs et mystère. Le choix du support n’est pas anodin. Ses qualités matérielles en font un allié privilégié des poudres colorées que le crayon, patiemment, instille dans l’épaisseur infime des feuilles. Ce faisant, la frontière entre la surface et le fond disparaît au profit d’une immatérialité troublante et vivante. Le feutre induit aussi, comme chez Beuys, une sensation de chaleur protectrice.
Oui, Lea Belooussovitch, en effaçant la netteté de l’image tout en gardant la composition de la photo, rend à l’homme blessé, ce que l’attentat et l’acte photographique lui ont ravi. Il n’est plus un objet témoin et anonyme mais une présence bleue pâle. A moins que cette tache de ciel pâle ne soit qu’un vide assurant l’anonymat retrouvé de la cible photographiée.