Interview avec Germano Prior, Chef de Culture au Vignoble du Château de Bousval.

Chaque jour, il met sa passion et toute son énergie au service des cultures du Vignoble du Château de Bousval. Déguster notre vin, c’est aussi découvrir qui se cache derrière et qui le façonne tout au long de l’année. Rencontre avec le pilier de notre équipe : Germano Prior.

Germano, tu es Chef de Culture ici au Vignoble du Château Bousval. En quoi consiste ton rôle ?
Je suis responsable de toute la partie culturale du vignoble. L’essentiel de mon travail a lieu entre février et octobre, de la première taille à la fin des vendanges. En tant que Chef de Culture, mon objectif est de produire des raisins de qualité pour en faire un vin d’exception.

D’où nous vient cet accent si savoureux ?
Je suis d’origine portugaise, de la région du Douro, où on fait du très bon vin d’ailleurs !Je suis arrivé en Belgique il y a 25 ans. J’ai 45 ans et 3 enfants, de 10, 17 et 23 ans. J’ai commencé tôt… (rires)

Depuis combien de temps travailles-tu ici au Château de Bousval ?
J’ai commencé à travailler au Château en 2005. Avant d’avoir la responsabilité du vignoble, je m’occupais du parc, du bois et de l’ensemble de la propriété. Un jour,
Monsieur Verhaeghe est venu me trouver et m’a proposé de planter « quelques petits pieds de vigne ». J’ai tout de suite dit oui. Je suis viticulteur de formation donc, pour moi, c’était une évidence. Et « 37 500 petits pieds de vigne » sont arrivés d’un coup… On n’a pas eu le temps de s’ennuyer !! (rires)
Quand la vigne est née, j’ai dû déléguer une grande partie de mes tâches. Aujourd’hui, la culture me prend 80 % du temps. En dehors de ça, je gère les différentes équipes du domaine, celles du bois, du parc et du vignoble.

Tu es aussi chargé de la formation des équipes ?
Oui. Je suis responsable de la formation des nouveaux arrivants, qu’ils soient fixes ou saisonniers.
On fait surtout appel à des aides périodiques, qui répondent au rythme de la vigne et des saisons. Ça signifie qu’il faut souvent recommencer nos explications, car les saisonniers changent d’année en année. Ça demande beaucoup de patience, de temps et d’énergie mais c’est une passion que j’aime transmettre.
Dans mon travail, l’expérience et la précision sont très importantes. Que ce soit au niveau de la taille ou de l’ébourgeonnage, on ne peut pas se permettre de faire des erreurs. Il faut plusieurs années d’expérience pour comprendre et sentir ce qu’un pied de vigne peut nous offrir.

De la vallée du Douro à la Wallonie… tu as toujours cultivé cette passion pour la terre et la vigne ?
Dans ma famille au Portugal, la vigne se transmet de génération en génération. On a 3 hectares de vignes. C’est mon père qui m’a tout appris. J’ai complété ça par une formation théorique de 3 ans.
J’ai commencé à travailler sérieusement dans la vigne à l’âge de 14 ans. À l’époque, il n’y avait pas la technologie d’aujourd’hui… On pulvérisait, mon père, ma soeur et moi. Mon petit frère Filipe, qui est aussi vigneron ici à Bousval, nous amenait le produit à pulvériser. On faisait ça de 6 h du matin à 9 h du soir, sans relâche. C’est là que j’ai appris l’importance de la constance et d’un travail précis.

À quoi ressemble une journée au vignoble ?
Il n’y a pas vraiment de journée « type » et c’est rare de passer une journée complète au vignoble.
Je suis presque toujours sollicité pour autre chose à un moment ou à un autre. Que ce soit pour le parc, le bois, quelqu’un à former, une livraison à accueillir… Je suis sur tout le domaine.
Il arrive que les journées soient longues notamment pendant les gelées de printemps…j’ai parfois travaillé 20 h sans dormir. Et quand la vigne ne va pas bien, je suis incapable de fermer l’oeil…

Quels sont les travaux et les méthodes en viticulture que tu privilégies pour obtenir un raisin de qualité ?
C’est un ensemble. Il n’y a pas une chose ou une autre à privilégier. Chaque étape du cycle de la vigne est cruciale. Si on taille mal, on le paie ensuite. Si on ébourgeonne trop grossièrement, le résultat ne sera pas satisfaisant. C’est l’ensemble du processus et le suivi attentif de chaque étape du cycle qui comptent. Il faut pouvoir anticiper et intervenir aux moments opportuns.
Le plus important, c’est un amour et un respect profond pour la nature et ce qu’elle nous offre. C’est notre philosophie ici au Château de Bousval.

En parlant d’amour de la nature, vous devriez obtenir le label BIO en janvier 2021.
Qu’est-ce que cela représente pour toi et l’équipe ?
Notre objectif a toujours été de produire des vins bio et, au-delà de la vigne, tout ce qu’on fait au Château se fait depuis toujours dans le respect de la nature. Il ne nous viendrait pas à l’esprit de travailler autrement. Mais le label est clairement un plus. C’est une garantie pour le consommateur. On sera donc fiers de l’avoir sur nos bouteilles, même si notre vin a toujours été bio et que dans les faits, ça ne change rien.

Et la biodynamie ?
On y tient beaucoup ! Et c’est pour ça qu’on y travaille. Nous n’en sommes pas encore au stade de faire des vins 100 % biodynamiques, mais c’est notre volonté. J’ai fait une première initiation en 2017 et depuis, je continue à me former et j’applique un maximum mes connaissances à la culture de notre vigne.
La biodynamie vient en complément du bio. Elle se base sur le principe que « tout se trouve dans la nature ». On utilise les plantes et leurs bienfaits pour soigner la vigne, la soulager, l’hydrater, etc. Chaque plante a ses vertus. Nous utilisons par exemple beaucoup l’osier, qui a le pouvoir de soulager.
La biodynamie, c’est avant tout un état d’esprit. Il faut être calme, prendre les choses comme elles viennent et respecter le rythme de la nature.
Je prévois de faire un master en biodynamie en novembre. J’attends beaucoup de cette formation. À priori, elle nous permettra de bien progresser.

Que fais-tu le reste de l’année, quand ce n’est ni la période de la taille ni celle des vendanges ?
En novembre, après les vendanges, je mets tout en ordre pour l’hiver. Parallèlement, je donne un coup de main pour la vinification, l’embouteillage et l’étiquetage.
En janvier, on prépare la nouvelle saison et on prétaille la vigne. Je commence aussi à distiller le Marc de l’année précédente qui a fini sa fermentation. En février, l’équipe de taille arrive et c’est reparti !

Les vendanges commencent dans quelques jours… Chaque année, le Château de Bousval invite le public à participer à ce travail, qu’as-tu envie de dire aux intéressés
pour les convaincre de vous rejoindre ?
Les vendanges, c’est beaucoup de travail, mais c’est aussi (et surtout) une fête !
L’ambiance est très conviviale. C’est l’occasion de rencontrer des gens d’univers différents. On discute beaucoup. Pour nous, c’est très important de soigner nos bénévoles et de les accueillir dignement. Le cadre est magnifique. C’est une expérience unique, en communion avec la nature. On avance sans se stresser et on laisse la place à des moments de détente. On sert du vin. Et un peu d’eau aussi… (rires)