Interview de Julien, vigneron

Julien, peux-tu nous en dire plus sur ton parcours professionnel ?

J’ai étudié l’horticulture à l’Institut Technique Horticole de Gembloux. J’ai choisi de me spécialiser en sylviculture. Ensuite, j’ai poursuivi mes études avec deux spécialisations à l’IPEA La Reid, situé près de Spa : la première en conduite d’engins forestiers et la seconde en tant qu’arboriste grimpeur et élagueur.

Dès la fin de mes études, j’ai travaillé comme étudiant dans un magasin de motoculture, chez Somagri à Sauvenière, où je m’occupais de la vente, de la livraison et de la réparation de mini-tracteurs, tondeuses et autres outils de jardin.

Mes connaissances en mécanique et mon besoin d’être en contact avec le végétal et la nature m’ont permis d’intégrer l’équipe du Vignoble du Château de Bousval en février 2020.

Quel est ton rôle au Château de Bousval ?

Je m’occupe principalement des travaux mécaniques, notamment de la conduite, de la réparation et de l’entretien des engins tels que les tracteurs et le chenillard. Je participe également aux travaux manuels de la vigne, principalement la taille.

J’ai aussi eu le plaisir d’être formé à la distillation par Germano, notre chef de culture. Dès le mois de janvier, lorsque la vigne se repose, nous distillons ensemble le marc : les restes de raisins après pressurage. Sur une journée, nous pouvons distiller cinq à six alambics, soit en moyenne 500 kg par jour.

À quoi ressemblent tes journées au Château de Bousval ?

Chaque journée est très différente, et c’est ce qui me plaît ! Mes horaires varient en fonction de la saison, de la météo et des besoins de la vigne. En début de saison, je m’occupe du désherbage, des traitements et de l’écimage. Les jours plus calmes sont consacrés à l’entretien et à la maintenance du matériel.

Dès le mois de février, la taille des vignes commence, et l’activité s’intensifie de la mi-mai à la mi-septembre avec le désherbage et les traitements. Ensuite, nous préparons les vendanges. La période des vendanges est l’aboutissement de la saison, il s’agit du moment de l’année le plus joyeux, les journées sont longues mais festives.

Après les vendanges, le vignoble est particulièrement calme. Seuls Germano et moi sommes présents, tels deux fantômes, pour clore les derniers travaux dans les vignes, ranger et entretenir le matériel.

Qu’est-ce qui t’apporte le plus de plaisir dans ton travail ?

Ce qui m’apporte le plus de plaisir, c’est le challenge : j’aime réfléchir à la meilleure façon d’aborder et de mettre en œuvre chaque tâche et surtout de penser aux possibilités d’amélioration. J’ai besoin de comprendre le pourquoi pour avoir le pouvoir d’améliorer les choses et de les faire évoluer.

Quelle est la plus grande difficulté en viticulture ?

La plus grande difficulté est de devoir faire face à notre chère météo belge, souvent imprévisible. Cela demande énormément de temps et de disponibilité.

En dehors de la viticulture, quelles sont tes passions ?

J’ai un intérêt marqué pour la mécanisation agricole actuelle et d’antan. Je m’intéresse aussi beaucoup aux débuts de l’industrialisation et du travail avec les chevaux. Mon épouse et moi sommes d’ailleurs les heureux propriétaires de chevaux de trait belges de type brabançon et d’une jument ardennaise, un cheval petit mais robuste et endurant. L’élevage est une vraie passion. J’ai d’ailleurs le projet d’accueillir des moutons et peut-être une vache dans un avenir proche.

Mon attachement pour la terre et à la nature m’a également mené à la chasse, que je pratique depuis la fin de mon adolescence.

As-tu une anecdote ou un beau souvenir à partager ?

Le moment le plus marquant de l’année est bien entendu celui des vendanges. Malgré la fatigue, nous partageons, en équipe, des moments de joie et de fête ; l’ambiance est euphorique et les fous rires ne sont pas rares.

Les vendanges 2022 ont été particulièrement prospères, avec un volume important de raisins. Le repas organisé cette année-là, pour célébrer la fin de cette période, est probablement l’un de mes plus beaux souvenirs au vignoble. Ce fut mémorable pour chacun d’entre nous !